Stéphane Anquetil, dit Sada, jeune graphiste Amiga, s'est fait connaître en participant à de nombreuses association et revues. Bref, quand il ne dessine pas, il daigne aussi quelquefois écrire dans de misérables feuilles de choux afin d'informer le bas-peuple... Non, je rigole, mais il s'incruste à la fois dans DP&CO, dans TFFC2, dans feu AmigaDP et enfin ADreams. Bref, Mr poursuit sa lente ascension vers le trône de maître du monde. Une interview vache avec des questions qui font mal, histoire de montrer que DP&Co n'a pas peur de gâcher une belle amitié pour avoir du sensationnel.
Bidi: Moyens d'existence ?
Sada: Les assedics n'aimant pas les jeunes chômeurs et notre belle société ne mettant aucun moyen légal de développer des projets personnels sans risquer de se ruiner, je suis donc officiellement au chômage depuis deux mois, à la fin (prématurée) de mon armée. En fait, je travaille beaucoup, et j'arrive en ce moment à un système de troc (prestations contre matos Amiga) qui me permet de subvenir à mes besoins. Les piges dans ADreams m'assurent l'argent de poche, et l'hospitalité de ma mère le reste.
Bidi: Livre, film, jeu vidéo, jeu, et musique préférés ?
Sada:Le livre que je préfére est celui que je suis en train de lire, parce que je ne l'ai pas fini, et que donc il reste encore "à lire", donc à découvrir. En ce moment, je m'achète et je lis tout Asimov dans l'ordre. "Les Fourmis" de Bernard Werber et "Le Meilleur des Mondes" d'Aldeous Huxley, m'ont beaucoup marqué. J'aime bien Tom Clancy pour la logique et la documentation de ses récits. En fait j'aime bien les livres qui me donne envie de faire un jeu vidéo ou un dessin. Sinon, j'ai lu beaucoup pendant mes études littéraires, mais rien ne ressort plus qu'un autre, si ce n'est Sade et Nietzsche, et encore, plus pour leurs idées que pour leurs qualités littéraires. De toute façon, à mon âge on a encore rien lut, donc on apprends. Mon film préféré est "Blade Runner" de Ridley Scott, avec la musique de Vangelis et ces décors géniaux de Syd Mead. Mon jeu vidéo préféré est Duel sur VideoPac : 8 couleurs ! J'ai malheureusement revendu la console depuis plus de 8 ans ! Je n'ai jamais retrouvé un jeu aussi drôle et amusant à deux ou tout seul, que l'on pouvait jouer de tant de manière différentes même en en connaissant tous les recoins. J'aime bien Pictionary, plus connu sous le nom TV de "Dessinez c'est gagné!", tout simplement parce que je suis très fort à ce jeu. J'aime aussi les échecs. Enfin, j'ai eu ma période jeux de rôle, mais hélas tout seul ! Faut dire que je suis fils unique, et assez solitaire. Mes amis actuels sont très éloignés géographiquement. Ca ne favorise pas le jeu de société mais aiguille l'imagination.
La musique que je préfére : Pink Floyd ("Wish you were Here", "Dark Side of the Moon") et Oxygene de J-M. Jarre, China de Vangelis, sans me lasser. Et presque toute la production de Tangerine Dream. Autrement, il y a des morceaux que j'aime, des sons que j'aime, des intros que j'aime ailleurs, mais pas à ce point. De toute façon, je suis plus instrumental que "chansons". Là encore, j'aime les musiques qui me donne envie de créer.
Bidi: Te décrirai-tu comme un testeur professionnel de DP ?
Sada: Ah ah ! Non. Mais c'est vrai que j'en arrive à une méthode de test implacable et rodée. Je reçois les nouveautés ou les "oldies" que je n'ai pas, je regarde, si ça me plaît, je teste. Le test doit impérativement comprendre : test sur le maximum de configuration Amiga, une exploration au maximum possible du jeu, le test des options, la lecture intégrale de la doc (hé oui !). Si on peut aussi avoir le contact avec l'auteur ou une version enregistrée, c'est encore mieux. Je n'ai généralement que l'embarras du choix pour passer mes tests de DP. Surtout depuis que tous les journaux ont une rubrique DP, et l'engouement du public pour cela.
Bidi: Mais ne passes-tu pas plus de temps à écrire des articles qu'à dessiner ?
Sada: Pas du tout. D'abord le temps que je passe à regarder les DP, je le passerai de toute façon par envie personnelle. Ma rubrique dans ADreams est sincère : j'aime vraiment les jeux DP. Le test effectif de DP pour écrire des articles, me prends 2 jours par mois. Et je passe plus de temps à vérifier que le programme marche sur tous mes Amigas, etc... qu'à écrire l'article lui-même. Je perds plus de temps au téléphone, à faire mon courrier, à recevoir des disquettes et à en faire qu'autre chose.
Le dessin en lui-même n'est rien, ça va toujours très vite. C'est la conception qui est plus longue. J'attaque rarement DPAINT sans savoir quoi faire. Généralement, j'ai déjà une idée précise de ce que je vais faire. Et cette idée, elle a pu germer dans mon bain, en tombant du lit, etc...
Bidi:Comment a tu été "engagé" par Adreams ?
Sada:Simple. Lors de l'élaboration du premier numéro, François Pinault, responsable de pas mal de rubriques, dont démo et DP, cherchait du DP en français. Comme j'avais tenu le service DP de l'association Atacom, il a eu mon téléphone. En causant, je lui ai expliqué que je ne distribuai plus de DP, mais je lui ai filé une ou deux adresses, puis j'ai glissé que je pouvais faire des articles. Une semaine plus tard, il me rappelle, besoin urgent d'un test de jeu. Il se trouve que j'avais un test de DPacman de prêt sur mon disque dur. Le soir même, après relecture, je l'envoyais par modem à François Pinault. 2 jours après il me disait que j'était pris. Et l'article a été publié dans le premier numéro.
Bidi:C'est aussi simple que ça ? Et il faut avoir un modem ?
Sada:Non, pas forcément ! Mais cela traduit bien le fait de tomber au bon moment quand les gens sont à la bourre et on besoin de quelqu'un. En fait, Pinault avait la responsabilité de la rubrique DP, mais tester les jeux, ça le faisait un peu ch... et puis le bouclage était imminent. De mon côté, par chance, j'avais cet article de prêt et un modem. Par un coup de pot, il se trouve que mon ton correspondait avec celui de la revue et j'ai "percuté". Ce qui est marrant, c'est que pendant plus d'une semaine, je n'ai eu de contact qu'au téléphone, avec Fr.Pinault, que je ne connaissait que de nom. Je commençais à me demandais si c'était pas une blague ! Et il s'est passé un bon moment avant que Christine Robert m'appelle pour me dire que j'était effectivement "engagé" comme pigiste. Et je n'ai le tarif des piges que récemment !
Bidi:C'est si dur que ça, de se faire entendre à ADreams ?
Sada:Non, j'ai pas dit ça. Mais bon, quand on est en province et qu'on ne va pas sur place, c'est vrai que les relations avec la rédaction sont... lointaines, du moins au début. Alors, dans mon coin, je "flippais" un peu. Je ne savais pas si tout l'article avait plu, ce qui n'allait pas, si j'avais le droit à l'humour, aux termes anglais. D'un coté, j'étais drôlement content d'avoir mon nom dans l'ours de cette belle revue quadrichromie, de l'autre l'angoisse (vite ! avoir les nouveautés, tester, envoyer), et Fr.Pinault n'était pas vraiment là pour me rassurer. Maintenant, avec Reza Elghazi, son successeur, ça va beaucoup mieux. La redaction nous connaît et nous fait confiance. La preuve, on passe même des messages perso et des vannes dans les grabs d'écrans.
Bidi:Qu'est-ce que cela rapporte d'écrire dans ADreams ?
Sada:Tout d'abord, 250F les 1500 caractères. Il paraît que c'est pas trop mal payé. Ensuite, des disquettes de DP gratos. Et puis la gloire... Je ne rigoles pas. Lorsque j'étais à l'armée, faut voir le nombre de personne que j'ai épaté en montrant mon nom dans la revue. Et encore, dans les premiers numéros, j'était juste cité à la fin. Cela peut paraître idiot mais les gens sont bluffés par les médias. Ecrire dans un journal, un vrai, en couleur et tout, c'est être quelqu'un. Résultat : vous vous attirez la sympathie des gens, qui sont content de vous connaître. A l'armée, quand on sait l'importance des relations, c'est drôlement utile ! Surtout que les militaires, qui n'ont pas grand chose à foutre, sont des fanas de jeux video.
Bidi:Bref, écrire dans un magazine, la planque !
Sada:Heu... oui. D'un autre cotés, il y a les désavantages. Tout d'abord, il faut rendre les articles à temps, chaque mois (je n'ai loupé qu'un numéro pendant mes 3 mois d'armée), de préférence sans fautes d'orthographe, et avec des choses que tout le monde n'a pas déjà écrite. J'ai de la chance, les autres revues ne s'intéressent pas au DP jeux. Ensuite, il faut se méfier des estampilles : être étiqueté "testeur de jeux DP", merci ! Moi, je suis un infographiste ! Je veux dire, je peux faire autre chose. Ensuite, il y a l'effet boomerang qui est arrivé avec Amiga Concept et TFFC2. Comme j'écris dans Amiga Dreams et dans TFFC2, Amiga Concept en a déduit que les propos allusifs à leur sujet dans TFFC2 était de moi et pourquoi ? Parce que j'écris dans les deux. Résultat : voir la page 6 du premier numéro d'Amiga Concept, où je me fais carrément attaquer alors que je n'y suis pour rien. En plus les propos de Bidibulle sur la presse Amiga ne les visait pas particulièrement et était objectifs. Mais depuis, comme ils nous ont cherché, on s'est défoulé (cf: numéro 14 de TFFC2). C'est aussi ça la difficulté dans un magazine : on ne peut pas tirer à boulet rouge sur ceux qu'on aime pas.
Bidi:Et à part TFFC2 et ADreams, où écris-tu ? Qu'est-ce qui t'a amené à faire le pigiste ?
Sada:D'abord, je suis un vrai passionné d'Amiga. Ensuite j'ai toujours aimé le français (25 points d'avance au bac, grâce à lui!). Puis, j'ai adhéré à de nombreuses associations, auxquels j'ai participé : Atacom, Corsaire, Bélier. Ce qui m'a amené à écrire dans le journal des adhérants d'Atacom (j'ai même été cité dans Tilt pour un reportage sur Imagina !), TFFC2 (indépendant), Dompub et CO. Grâce à la distribution de DP pour Atacom, j'ai eu mon entrée dans AmigaDP (2 tests de shareware enregistrés pour 200F).
Bref, j'ai fait pas mal de choses bénévolement, pour me faire connaître et un jour ça a fini par payer. C'est aussi comme cela que j'ai rencontré David Scrève.
Bidi: Tu prépares avec lui un gros projet de soft éducatif, tu peux nous en dire plus ?
Sada: Ce n'est plus un projet depuis le salon Atacom'93, c'est un développement en cours de finalisation, que nous menons depuis un an. Il s'agit de Décollages, d'un logiciel de collage-coloriage. D'abord l'enfant charge un fond neutre, puis il colle dessus des brosses (objets, personnages) pour former une scène. Ensuite, il choisit ses couleurs et colorie. Ca parait simple, mais on a prévu une foule de détails et d'options qui rendent le logiciel vraiment original et unique ne son genre. Le tout est développé en C sous UIK.
Bidi: La nécessité de maîtriser l'interface UIK pour utiliser décollage n'est-elle pas un handicap pour le jeune enfant ?
Sada: Il n'aura pas besoin de connaître quoique ce soit de l'interface UIK. D'ailleurs il n'y a rien dans le programme de spécifique "UIK". C'est une critique qui était valable pour les premières versions du produit, plus maintenant. De plus, les jeunes enfants bénéficieront d'un Décollage Junior encore plus simple.
Bidi: Crées-tu spécifiquement pour Amiga ou est-ce simplement un point de départ comme un autre (avec une vision multimachine) ?
Sada: J'aimerais dire non. Mais le fait est que pour l'instant, je travaille sur Amiga, j'aime l'Amiga et que... je hais les PC ! De toute façon, le matériel importe peu, ce sont les idées qui comptent. J'ai montré ma créativité sur Amiga. Si un jour, je suis obligé de changer de machine, ce n'est pas pour cela que mes qualités seront perdues. Décollages est portable, car il est en C. Quant à mes images, elles ne connaissent pas le problème.
Bidi: Je suis d'accord avec toi l'Amiga on s'en fout !
Sada: Non, pas du tout. Je suis véritablement attaché à l'Amiga, à son système, à son esprit, à l'ambiance un peu spéciale qu'il y a autour. Je crois qu'un univers micro-informatique sans Amiga perdrait beaucoup. D'ailleurs, je suis contre l'"uniformisation" des formats, surtout si le format adopté est WindowsNT.
Bidi: As-tu d'autres créations en cours ?
Sada: Beaucoup. Parmi les choses qui sortent en ce moment, il y a la série freeware Maze Madness, des labyrinthes à résoudre en déplaçant un curseur. J'ai commencé une série de disquettes de fonds originaux dessinés (Multifonds, en vente chez Attila et Silicone DP). Enfin, j'ai réalisé la partie graphique d'Abank de David Gaussinel, qui devrait enfin être cet été en cover-disk d'Adreams... Pour cet été, j'ai un shoot'them up avec Roman Anicel, un jeu de combat de Tanks en med-res AGA (Oui, oui) avec Glorfindel, un jeu de style Venture, etc... Tout ça en ShareWare, avec des dates de sorties imprévisibles. Plus sérieusement, j'ai été contacté par une équipe pour participer aux graphismes d'un jeu d'aventure commercial. Et enfin, je met au point toute un paquet de concepts et de scénario de jeux, de programmes et d'éducatifs, pour... le futur.
Bidi:C'est à dire ?
Sada:Impossible d'en dire plus pour le moment. Secret. Mais ça concernera pas mal de mes relations actuelles.
Bidi: Si un bon programmeur ayant du temps libre nous lit, un message ?
Sada: J'ai du travail pour lui !
Bidi: Serais-tu fier de voir tes programmes DPs dans la série DPat ?
Sada: J'ai déjà des icônes pour ToolManager dessus. L'avantage de cette collection est d'assurer une promotion dans ANews. Là, en plus ils ont gentiment passé des photos, et c'est très sympa de leur part.
Bidi: Même pas un petit sentiment de honte ?
Sada: Oui, je vois que tu fait allusion au fait que les DPAT accepte à peu prêt tout du moment que c'est français. Mais il faut savoir oublier cela pour retenir la publicité qu'en fait ANews. Or avoir son nom dans un journal est quelquechose d'important aujourd'hui. Même pour une connerie, il est toujours bon de montrer à son interlocuteur qu'on est publié dans un "vrai" journal.
Bidi: Y a t'il autre chose que l'Amiga dans la vie ?
Sada: La cuisine de ma mère, car je suis très gourmand. Les bergers allemands, que j'adore. La vie peinarde à la campagne dans notre maison et les ballades à vélo.
Bidi: Mais et l'herbe ?
Sada: J'ai 1700 M² d'herbe à tondre, dont la charge depuis peu constitue une vrai occupation pour quelques heures.
Bidi: Ton pseudo est-il une référence purement intellectuelle ou...
Sada: Pas du tout. Je suis un Sado-maso dominateur et je ne m'en cache pas. En plus il se trouve que ça fait mes initiales plus "Dessinateur Amiga" ou à peu près ce qu'on veut. J'ai recensé plus d'une quinzaine de significations acceptable à ces lettres.
Bidi: Crois-tu que DP&Co passerait: "et saisissant le vit gluant elle l'enfoui entre ses seins menus lui imposant un va et vient sensuel et insupportable, à tel point qu'elle eu juste le temps de s'en saisir pour se repaître goulûment d'un foutre épais" ? (moi ça m'étonnerait)
Sada: [là tu peux mettre pire, pour voir...] Non, tu crois ? Oh tu sais, c'est Dan qui fait la mise en page sur écran pendant que David est à l'armée, il ne verra même pas "Pendant ce temps la main de l'homme appuyée sur sa nuque retenait la liasse de ses longs cheveux noirs et la morsure légère du martinet sur sa croupe, tout comme sa position agenouillée, lui rappelait sa condition de chienne soumise, de servante docile, d'esclave préférée."
Bidi: Un conseil pour les pigistes amateurs ?
Sada: Savoir de quoi on parle, ne pas hésiter à écrire bénévolement un peu partout pour se faire connaître, un bon correcteur orthographique, un téléphone, de la politesse et un minimum d'audace. C'est pas en ayant une SARL qu'on devient pro. On est PRO dans sa tête et dans ses prestations.
Bidi: et in fine ?
Sada: Vive l'Amiga, vive le DP, vive les eurasiennes !